Ko Phayam est une île thaïlandaise de la mer d’Andaman. Un petit bout de terre de 20 km², flottant à environ 570 km au sud-ouest de Bangkok et 300 km au nord de Phuket. Un coin privilégié du Pays du Sourire, à l’écart des flux touristiques et hors des sentiers battus. Le témoignage d’un enquêteur du Routard.

Il y a 5 ans, dans un café de Thanon Samsen, tentacule goûteuse de la pieuvre Khao San - LE quartier backpacker de Bangkok -, un routard au long cours me dit : « Va à Ko Phayam ! Tu y trouveras ce qui t’a manqué là-bas ». « Là-bas » était une des fameuses îles du golfe de Thaïlande dont je revenais. Là-bas, l’alibi tropical peinait à faire passer la pilule de l’environnement, parfois aussi dénaturé que certaines côtes surexploitées d’Europe.

Sentant que j’avais perdu la foi, l’homme me fixa d’un regard auquel on s’accorde naturellement et poursuivit:

- « Pas une vraie route sur Ko Phayam. Juste quelques sentiers bétonnés ! En général, tu scotches sur un spot et marcher suffit. Si t’as la bougeotte, loue un vélo ou une moto. T’as le choix entre Ao Yai, longue plage où ça bouge un peu quand ça te chante, ou Ao Kwai, découpée en 2 baies, calme et très belle. Certains coins sont mieux pour se baigner, d’autres pour le canoë, la balade. Tu peux même surfer sur Ao Yai !

T’as un village pour tout le nécessaire, le net, etc. La population est un mix de Thaïs, de travailleurs birmans et de gitans de la mer sédentarisés. Y’a aussi quelques criques paumées, un peu de jungle, des plantations d’arbres à noix de cajou, du bon poisson grillé. Et des bungalows pour tous les budgets, dont beaucoup de cheap ».

Après une semaine, j’étais béatement installé avec un bon bouquin, l’abandonnant à l’occasion pour redessiner les contours d’un cap boisé, « rêver au jour où » le vert sombre de cette grosse île birmane accidentée, au large, deviendra accessible … Et je me dis : « Ko Phayam a changé et continuera à le faire, profite de son âge d’or !».

Chercheurs d'île

On accède à Ko Phayam par la ville de Ranong. Là, 23 km au sud de la partie la plus étroite de la péninsule malaise, la Birmanie abandonne la mer d’Andaman à sa rivale siamoise.

Non sans faire de résistance : un casino doté d’un service d’immigration attire côté Myanmar joueurs et adeptes du visa run (course au visa) ; de fascinants archipels quasi inhabités surveillent la passation de pouvoir, en attendant d’entrer sur la mappemonde touristique.

Chamarrée, la tribu des chercheurs d’îles s’étend des voyageurs burinés aux néophytes en quête d’initiation réussie. Depuis quelques années, elle s’est entichée de Ko Phayam. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle baigne, elle aussi, dans les motivations paradoxales de notre époque.

Cette communauté sympathique apprécie l’alternance du calme et de l’animation, se rassure de l’existence d’une fiesta au cas où. Elle recherche le paumé… accessible rapidement. Se réjouit de l’isolé, à condition qu’il soit relié à la toile, et si possible en wifi ou 3G jusqu’à son bungalow ! Tout comme d’autres, elle adore rêvasser et bouquiner, siffler une petite bière en début d’aprèm… jusqu’au moment où le corps exige un peu d’exercice.

Pourquoi Ko Phayam ?

Sur une longue plage, jogging lent et contemplatif, routines d’étirement, yoga encore hésitant. De leurs jeunes années, les anciens conservent le fantasme de l’épure rustique : bois, bambou et toit de palme. Mais, naturellement embourgeoisés, ils ne se passent plus de salles de bains attachées ni ne refusent de petits luxes providentiels à l’occasion, surtout quand l’établissement respecte son écrin naturel.

Ko Phayam plaît parce qu’elle répond à une foule d’attentes contradictoires. Plutôt pour suivre les pistes délirantes de la grande transhumance des Bernard-l’hermite, magnifiée par les sables qui rosissent, ou comptabiliser les mini boulets de sable qu’accumulent les crabes infatigables autour de leurs galeries. Mais STOP ! Le reste vous appartient.

Source (31 oct. 2013) : http://www.routard.com/zoom/cid131592-thailande-ko-phayam-l-ile-des-inities.html

Thaïlande : Ko Phayam, l’île des initiés
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